jeudi 28 octobre 2010

Souvenir, souvenirs …


Dans les périodes où interviennent des changements importants, reviennent aussi les images, les situations, les sentiments oubliés et accumulés dans des tréfonds insondables. Immanquablement le besoin d’organiser sa mémoire et de lui donner du sens se manifeste : c’est mon cas aujourd’hui avec mon « expérience » au parti socialiste.  
Je me souviens des meetings de François Mitterrand à Fréjorgues lors de ma villégiature étudiante à Montpellier et notamment, peu après, de celui du 1er mai 1981 à Antigone. Je me souviens du « jour de Gauche[1] » séparant « la nuit de la Lumière[2] ». Je me souviens de la campagne législative qui suivie et de Michel Rocard venu soutenir Renée Soum à Thuir. Je me souviens quelques quinze ans plus tard, du jour où je franchis le seuil de la fédé, boulevard Mercader, accueilli par Janine et Josy.
Je me souviens ensuite de mes apprentissages à la section de Perpignan animée par Claude, Nicole, Marie-Ange ou Marc … Je me souviens de la législative de 1997 où Nicole Sabiols me demanda de la suppléer avant que d’obscures manœuvres ne lui ôtèrent, au dernier moment, la campagne commencée, l’investiture pourtant régulièrement acquise. Je me souviens des cantonales et régionales de 1998 où je m’investis au côté de Bernard Cristofol[3] à Saint-Jacques.  Je me souviens cette année là du Conseil régional compromis avec l’extrême droite et du Conseil général catalan basculer à gauche. Je me souviens de la cantonale partielle de 2000 toujours à Saint-Jacques, dans laquelle je représentais le PS et obtins un résultat optimal, digne d’encouragement. Je me souviens des cantonales et municipales de 2001 où quelques hiérarques socialistes ne tinrent pas leurs engagements à mon égard. Je me souviens de la campagne interne au PS en 2004 et publique en 2005 pour le Traité Constitutionnel Européen ou je représentais le OUI : Kader Arif, Robert Navarro, Pierre Moscovici, Élisabeth Guigou étaient venus nous aider dans la forte adversité que faisait régner contre le PS ceux qui promettaient avec assurance un plan B qu’ils savaient pourtant parfaitement inexistant. Je me souviens du congrès du Mans et de François Hollande venu défendre à l’université la motion que je présidais ici. Je me souviens de la primaire pour la présidentielle de 2007 où j’étais le mandataire local de DSK. Je me souviens des présidentielles et législatives qui suivirent et de mon engagement auprès du candidat légalement investi: Olivier Ferrand. Je me souviens notamment des nombreuses personnalités venus animer nos réunions publiques et par là hisser bien au delà des médiocrités ambiantes les enjeux politiques et leurs perspectives: Dominique Strauss Khan, Najat Vallaud-Belkacem, Alain Bergounioux, Gaby Cohn-Bendit, Michel Rocard, Pierre Moscovici, Jean-Marie Le Guen, Alain Richard, Lionel Jospin … . Je me souviens avoir été le mandataire de la motion A, présidée par Bertrand Delanoë, lors de l’inénarrable et navrant congrès de Reims. Je me souviens des décisions enfin courageuses du bureau national lors des dernières élections régionales . Je me souviens des promesses de renouveau mais aussi du total abandon que nous avons reçu pour toute gratification du combat juste autant qu’inégal que nous avions conduit au nom du parti et de ses biens incertaines valeurs. Il était temps que l’histoire s’arrête …
Après quelques quinze années de militantisme actif, de fidélité aux convictions autant qu’aux règles, par le constat lucide d’une expérience sincère, non pas comme beaucoup par exclusion ou radiation, mais de ma propre et libre volonté, je quitte le PS. Je laisse celles et ceux qui croient comme Talleyrand qu’en « politique, il n'y a pas de convictions, il n'y a que des circonstances » et, scrupuleux comme Jaurès je poursuis mon chemin vers  « l'idéal en passant par le réel » car  « c'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source ».
   


[1]  Une de Libération
[2]  Jack Lang
[3]  Candidat des Verts

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